Virginie Jeanbossard : des Mines de Paris à Microsoft à l'Enseignement des Mathématiques et au Numérique

Cette semaine, je vous propose de découvrir en quelques mots un des épisodes de notre podcast Reboot : Episode 2 - Virginie Jean-Bossard.

Virginie Jeanbossard, ancienne élève des Mines de Paris et ayant passé 25 ans chez Microsoft, est aujourd'hui professeure de mathématiques dans le public à Paris depuis 3 ans. Elle a partagé avec nous son parcours et ses réflexions sur l'enseignement et l'intégration du numérique dans sa pratique.

Un changement de carrière motivé par une vocation ancienne

Virginie Jeanbossard révèle qu'à la fin de ses études, elle avait déjà envisagé de devenir professeure de collège après avoir obtenu une maîtrise de mathématiques. Cependant, des contraintes financières et la nécessité de travailler rapidement l'ont orientée vers une carrière chez Microsoft. Malgré une carrière enrichissante, l'idée de l'enseignement est restée présente, et elle a finalement décidé de se lancer en 2020.

L'hétérogénéité des élèves : une surprise constante

L'une des plus grandes surprises pour Virginie en arrivant dans l'enseignement a été l'hétérogénéité des niveaux au sein d'une même classe. Elle souligne que certains élèves arrivant au collège ne savent ni compter ni lire, rendant l'enseignement particulièrement complexe dans des classes souvent chargées. Le faible taux de redoublement actuel contribue à cette situation.

L'adaptation à l'enseignement à distance pendant la crise sanitaire

L'année où Virginie préparait le CAPES a coïncidé avec le début de la pandémie de COVID-19. Forte de ses 15 années d'expérience en travail à distance chez Microsoft, elle s'est sentie plus à l'aise que certains de ses collègues face à l'enseignement à distance. Bien qu'elle préfère le présentiel, elle a pu s'adapter facilement à cette nouvelle modalité. Le port du masque durant sa première année de stage a cependant été une difficulté.

Le rapport des élèves et des enseignants au numérique : des idées reçues à nuancer

Contrairement à l'idée reçue que les élèves sont toujours à l'aise avec le numérique, Virginie a observé qu'ils maîtrisent surtout les aspects liés au divertissement (réseaux sociaux, photos) mais sont moins compétents dans l'utilisation d'outils numériques pour l'apprentissage (gestion des messages, emails, visioconférences). De même, elle nuance l'image d'enseignants réticents au numérique, constatant que beaucoup sont capables de donner des cours en visio. La principale préoccupation réside dans la difficulté de maintenir l'attention et l'engagement des élèves à distance.

Les bénéfices pédagogiques des outils numériques

Pour Virginie, l'attrait des élèves pour les ordinateurs est un avantage certain. Elle met en avant l'utilisation de Scratch pour l'initiation à la programmation au collège, un outil qu'elle a découvert en tant que professeure et qu'elle trouve très motivant et adapté. Elle souligne également l'intérêt des exerciseurs numériques pour la différenciation pédagogique, permettant de proposer des exercices adaptés aux différents niveaux des élèves et de suivre leurs difficultés.

Applications numériques appréciées :

Virginie partage plusieurs applications numériques qu'elle utilise régulièrement :

• Dans notre environnement numérique de travail (ENT) auquel les élèves et parents ont accès, nous avons une application : Page. Elle permet de partager facilement ses diaporamas avec les élèves absents. Cela permet aussi aux élèves présents de vérifier s'ils sont bien pris en note le cours.
• Pearl Trees, un outil plus complexe permettant de créer des parcours d'apprentissage (disponible avec une licence pour les lycées de Paris).
• Moodle, une plateforme déjà utilisée dans l'enseignement supérieur pour développer des parcours pour les élèves, encouragée par la Direction du Numérique de Paris.
• Des exerciseurs tels que Sac à dos (outil bénévole créé par des enseignants français à l'étranger) et KWYK (pour lequel son établissement a pu obtenir des licences), qui permettent de suivre les difficultés des élèves.

Intelligence artificielle et Chat GPT : une perception optimiste mais prudente

Virginie se montre optimiste face à l'arrivée de l'intelligence artificielle et de ChatGPT dans le milieu éducatif. Elle imagine que cela pourrait rendre plus équitables certains devoirs à la maison, en offrant une aide accessible à tous. Bien qu'elle n'ait pas encore exploré en profondeur ces outils, elle prévoit de le faire prochainement. Elle note que la question de la vérification de l'auteur des devoirs reste une préoccupation, qu'il s'agisse de l'aide des parents ou de l'IA.

Plaidoyer pour le temps partiel pour les professionnels souhaitant enseigner

En conclusion, Virginie soulève un point qui lui tient à cœur : la difficulté pour des professionnels comme les ingénieurs de devenir professeurs de mathématiques à temps partiel. Elle constate que beaucoup de ses anciens collègues seraient intéressés par cette possibilité, alors qu'il y a un manque de professeurs de mathématiques. Elle regrette que la législation actuelle permette d'exercer certains métiers à temps partiel en complément de l'enseignement, mais pas des professions d'ingénieur ou de chef de projet.