L’intelligence artificielle, levier pour diminuer les inégalités à l’école ?
L’intelligence artificielle, levier pour diminuer les inégalités à l’école ?
par Florent Cochard
Les inégalités numériques en éducation sont devenues une question encore plus vive à l’heure de la diffusion massive d’outils numériques. En 2020, la crise sanitaire crée un effet de loupe sur ce phénomène déjà existant. Les élèves dont l’environnement familial intègre des outils digitaux modernes se sont adaptés rapidement au confinement, sans rupture dans leur apprentissage. A contrario, d’autres élèves issus de foyers moins équipés ont subi une perte de lien avec l’école.
L'IA va-t-elle amorcer la plus grande transformation de l'histoire de l'éducation, en gommant ce type d’inégalité ?
L’exemple d’un tuteur personnel pour l’élève et le professeur
Prenons par exemple le potentiel d’un tuteur personnel IA pour chaque élève. L’IA permet aujourd’hui aux élèves d’apprendre à leur propre rythme et selon leurs besoins. Elle propose des exercices interactifs, des vidéos explicatives et des tests adaptatifs. Elle utilise également des outils pour personnaliser l’apprentissage et offrir un feedback immédiat et positif aux élèves.
L’IA peut même utiliser le langage naturel pour dialoguer avec les élèves, leur poser des questions, leur donner des indices, leur fournir des explications et les encourager. Elle peut enfin détecter les émotions et le niveau de confiance des élèves, et ajuster son ton et son style en conséquence. Bref, l’IA imite l’expérience d’un tuteur individuel pour les élèves.
De même, chaque enseignant aurait accès à un assistant pédagogique IA qui l’aiderait à gérer sa classe, à préparer ses cours, à évaluer ses élèves et à se former.
L’IA, la connaissance mise à la portée du plus grand nombre
Nous partageons la conviction que la présence d’un enseignant est irremplaçable. Cette présence crée une relation humaine, une empathie, une intuition, une créativité, une éthique, qui ne peuvent pas être reproduits ou simulés par une machine.
Mais qu’en est-il dans des zones où il est trop coûteux de construire une école, de payer un salaire d’enseignant voire de le former ? Faut-il continuer de laisser des milliers d’enfants hors du champ scolaire ? Et sans aller à l’autre bout du monde, l’IA peut être très utile pour éviter une rupture d’apprentissage en raison d’une absence d’un professeur.
Pour aider l’IA à y parvenir, nous devons relever deux défis
L’IA peut donc permettre l’apprentissage là où il n’existe pas encore ou lorsqu’il est en dégradation.. A condition qu’elle relève deux défis.
Le premier défi à relever est celui de l’inclusion. Pouvoir utiliser l’IA nécessite d’avoir accès à un poste informatique connecté à internet. Je me souviens du témoignage de Pierre Florek, professeur de mathématiques, sur le podcast Reboot 1881TM. Son établissement venait d’être équipé d’IPAD pour les enseignants et les élèves. Il avait personnellement formé les animateurs de la MJC située à côté du collège, parce que c’est dans les locaux de la MJC que les élèves venaient connecter leur IPAD pour faire leurs devoirs.
Le second défi est d’adapter l’IA à tous les contextes culturels et éducatifs. N’y a-t-il pas des différences, des spécificités, des valeurs, qui varient selon les pays, les régions, les disciplines ? Comment respecter la pluralité et la singularité de ces contextes et de ces cultures ?
L’intelligence artificielle est en train de révolutionner le domaine de l’éducation, en offrant de nouvelles possibilités d’apprentissage et d’enseignement. Dans certaines situations, nous pensons que l’intelligence artificielle permet d’œuvrer contre le déterminisme scolaire. Le tutoriel éducatif en est un exemple concret. Il vise à rendre l’éducation plus accessible, plus personnalisée et plus efficace.