C'est la rentrée ! Le point sur les orientations numériques du Ministère de l'Education Nationale
C'est la rentrée ! Le point sur les orientations numériques du Ministère de l'Education Nationale
Par Florent Cochard
La rentrée s’est bien passée ? Je vous propose de faire le point sur ce que votre Ministère a prévu pour vous concernant le numérique à l'école. L’année 2023 voit la mise en œuvre de la stratégie du numérique pour l'éducation 2023-2027, communiquée en janvier dernier. Une stratégie déclinée depuis dans une doctrine technique, qui s'inscrit dans une logique de plateforme.
Au programme : sensibilisation et formation au numérique
Sensibiliser les jeunes aux risques des réseaux sociaux
Comme chaque année, la circulaire de rentrée du Ministre de l'Éducation Nationale décrit les priorités et les nouveautés qui entrent en vigueur à partir de septembre. Une de ces priorités est le renforcement de l’éducation aux médias et à l’information qui inclura « la connaissance des droits et devoirs dans l’espace numérique et des risques liés en particulier aux usages des réseaux sociaux ».
Pix dans tous ses états
Une autre priorité est le « développement des compétences numériques (…) avec le déploiement de « Pix sixième » à l’ensemble des collèges ». Face aux enjeux d’éducation au numérique, le ministère de l’Éducation prévoit en effet d’étendre l’attestation de sensibilisation au numérique (« Pix 6e ») pour les élèves de 6e sur l’ensemble du territoire.
En vue de renforcer la formation des enseignants, un Pix spécifique, dénommé « Pix+ Édu » a été expérimenté pour préparer la future mise en place de la certification des compétences numériques des enseignants.
Des interrogations sur les salles informatiques
Des téléphones portables omniprésents, de l'accès Internet haut débit et des plateformes d'apprentissage en ligne : quel avenir pour les salles informatiques ? Enseignants et collectivités (en charge de l’équipement numérique des établissements) sont confrontés à plusieurs défis : coût élevé et maintenance des salles informatiques, limitation de la mobilité des élèves et des enseignants, évolution des méthodes d'apprentissage, intégration de la technologie dans les salles de classe ordinaires...
Les ambitions de la stratégie du numérique pour l’éducation 2023-2027
C’est beau sur le papier !
Le ministère de l’Éducation nationale a rendu publique en janvier 2023 une stratégie du numérique pour l'éducation 2023-2027. Ce document a pour ambition de définir la vision stratégique du numérique pour l’éducation en France, pour la période 2023-2027 « Il vise à ce que les acteurs s’accordent sur une vision commune, sur des transformations inédites, qui seront à mener et à réussir ensemble ».
Les inégalités d’accès au numérique
Les auteurs de la stratégie font le constat d’un « accès inégal au numérique par les acteurs », sur les sujets de l’équipement, de la connectivité, des outils ou des capacités. « Cela peut créer des difficultés pour les populations en situation d’exclusion numérique ou ayant de fortes difficultés à y accéder. (…) Ces difficultés d’accès au numérique créent des inégalités d’apprentissage et placent les questions d’inclusion numérique et de l’égalité d’accès au service public du numérique éducatif au premier plan ».
Le numérique à l’école, pas si simple d’utilisation
Ils soulignent également, « une expérience utilisateur dégradée ». « Les enseignants, les élèves, les familles ou tous les personnels de l’éducation signalent des difficultés dans l’usage des outils numériques proposés par l’écosystème de l’éducation : des interfaces complexes et hétérogènes, peu attractives, parfois éloignées des standards, inégalement accessibles et guère adaptées à la mobilité, une absence de portabilité, des données nécessitant de multiples ressaisies, des ruptures de connexion entre les outils, des performances insuffisantes (…) Ces obstacles sont d’autant plus difficiles à franchir par les utilisateurs qu’il leur est proposé un foisonnement important d’outils et de ressources numériques sans que leurs usages ne soient clarifiés, ni que leur accès ne soit facilité ».
La stratégie s’appuie sur 4 axes et pour chacun d’eux plusieurs actions clés
1. Un écosystème engagé au service d’une politique publique partagée
- Renforcer la gouvernance du numérique pour l'éducation aux niveaux national et local
- Partager des indicateurs à des fins de pilotage et d'évaluation
- Définir un équipement individuel type pour l'élève (collège et lycée)
- Un enseignement du numérique qui développe la citoyenneté et les compétences numériques
- Assurer l'acquisition des compétences numériques tout au long du parcours scolaire
- Permettre aux élèves de devenir des citoyens éclairés à l'ère du numérique
2. Une communauté éducative soutenue par une offre numérique raisonnée, pérenne et inclusive
- Soutenir le développement des communs numériques
- Simplifier l'accès aux services numériques en créant un "compte ressources"
- Mettre le numérique au service de l’École inclusive
- Mieux former les équipes éducatives à la pédagogie avec le numérique
3. Accompagner les enseignants dans le numérique éducatif
- Organiser les services numériques éducatifs selon une logique de plateforme interopérable
- Mobiliser les données au service de l’École
4. De nouvelles règles du jeu pour un système d’information ministériel au service de ses utilisateurs
- Accélérer la transformation numérique
- Gagner en efficience en amplifiant et en soutenant la mutualisation
- Gagner en fluidité et en qualité par l’intégration des principes de l'agilité et de l'expérience utilisateur
- Développer l'écoresponsabilité
On connaît la destination, mais comment y aller ? La doctrine technique va nous guider !
Tiens tiens, voilà le cloud ! Ce n’est plus un gros mot ?
Pour atteindre tous ces objectifs, le ministère de l'Éducation nationale entend renouveler le partenariat avec les collectivités territoriales, qui « fournissent les moyens matériels, comme des infrastructures, des terminaux, en assurent l’installation et la maintenance, et financent de plus en plus souvent des ressources pédagogiques ». Ce partenariat devra « tenir compte des évolutions technologiques, notamment l’omniprésence des solutions hébergées dans le cloud, le matériel (smartphone, tablette, ordinateur portable, média interactif et immersif), l’émergence des ENT (espaces numériques de travail).
Le souhait d’un écosystème ouvert et interopérable
Cette doctrine technique prend en compte la croissance accélérée de l’utilisation des services numériques éducatifs dans les 1er et 2d degrés depuis 2020. « Les usages sont toujours plus nombreux, non seulement à des fins administratives et de suivi de la scolarité, mais aussi au bénéfice d’activités pédagogiques et de mise en œuvre des missions éducatives. Le corollaire est logiquement une augmentation conséquente de la fréquentation des services, qui nécessite à la fois une parfaite maîtrise des données ainsi qu’un écosystème ouvert et interopérable ».
Une logique de plateforme
L'idée est que l'État garantisse « à chaque acteur de l’éducation une égalité d’accès et un usage simple des services numériques dans un écosystème sécurisé, ouvert et interopérable à des fins de mise en œuvre des apprentissages dans le cadre des programmes et référentiels de compétences du ministère chargé de l'Éducation nationale ». A cette fin, « le numérique pour l’éducation doit se développer selon une logique de plateforme au sens d'un ensemble d’acteurs respectant un cadre d'architecture et des règles et standards communs, pour mettre à disposition des usagers un ensemble lisible et structuré de services accessibles simplement et interopérables entre eux (…) Le service public de l’éducation y gagne ainsi en agilité, permettant aux usagers et aux sociétés de la filière industrielle du numérique éducatif de bénéficier de services innovants, mais aussi en souveraineté en excluant toute solution non respectueuse des règles édictées, notamment en matière d’éthique et de protection des données ».
Conclusion
J’ai une question, et je vous promets que je n’ai pas la réponse : comment assurer la compatibilité du cloud, de la souveraineté numérique, de l’urgence de transformer l'école et de l’absence de solutions collaboratives européennes ?